« Tolérance zéro » pour les actes racistes et antisémites dans les facs de médecine, souligne le Pr Sibilia

 

 …

« Tolérance zéro » pour les actes racistes et antisémites dans les facs de médecine, souligne le Pr Sibilia

  • A
  • +
  •  

Crédit Photo : S. Toubon Zoom

SUR LE MEME SUJET

 

Le président de la conférence des doyens des facultés de médecine, le Pr Jean Sibilia, s’indigne de l’augmentation des actes racistes et antisémites perpétrés à l’encontre d’enseignants, d’autorités et d’étudiants de confession juive et/ou d’origine étrangère. Dans un entretien au « Quotidien », il prône une « tolérance zéro » et détaille la marche à suivre face à de tels agissements.  

LE QUOTIDIEN : La conférence des doyens souligne la « recrudescence récente » d’actes racistes et antisémites dans les facultés de médecine. De quoi parle-t-on ?

PR JEAN SIBILIA : Les doyens perçoivent une hausse des signaux d’intolérance. Il n’y a pas, à ce stade, de mesure exacte du phénomène mais on parle notamment de tags sur les murs ou de messages racistes et antisémites gravés ou écrits à l’encre sur les tables d’amphi.

Dans le contexte actuel de croissance exponentielle des actes antisémites [Christophe Castaner a annoncé lundi 11 janvier que les signalements étaient passés de 311 à 541 en 2018, soit une hausse de 74 %], il était de notre responsabilité universitaire de tirer la sonnette d’alarme ! À la conférence des doyens, c’est tolérance zéro pour tous les actes d’intolérance : racisme, antisémitisme mais aussi harcèlement, sexisme, homophobie. 

Ces actes concernent-ils des étudiants et des enseignants ?

Ces derniers mois, plusieurs tags racistes et antisémites ont été découverts. Certains étaient dirigés contre le président de l’université de Grenoble [début septembre 2018] mais aussi contre le doyen par intérim de la faculté de médecine de Créteil [octobre 2018]. 

À la faculté de Bobigny [où un étudiant en médecine vient d’être exclu pour deux mois après une plainte pour antisémitisme à Paris 13, NDLR], l’affaire a éclaté en octobre et concerne plusieurs étudiants sur fond de harcèlement antisémite. La commission a jugé qu’il y avait une faute et que l’étudiant a eu, au minimum, un comportement indécent.

À ma connaissance, il n’y a pas eu d’agressions physiques dans les facultés de médecine. Je précise que nous ne sommes pas l’Observatoire des actes racistes et antisémites. Il en existe déjà un, au niveau national. Mais on a tous le sentiment d’une progression de ces faits et de ces comportements inexcusables.

Quels sont les moyens d’action pour un étudiant victime d’actes racistes ou antisémites ?

Si vous observez quelque chose, il faut absolument le dire et informer les autorités compétentes. La conférence des doyens appelle aussi le corps enseignant à redoubler de vigilance. Aujourd’hui, il est possible de prévenir et traiter ces comportements. Toutes les facultés ont mis en place des commissions de bien-être qui sont à l’écoute des étudiants souhaitant s’exprimer sur toute forme de harcèlement ou tout acte d’intolérance. Le doyen est partie prenante de la commission. 

À partir de là, la faculté peut agir à plusieurs niveaux. En cas de blagues vénielles, le président de la commission de bien-être et le doyen peuvent réprimander l’étudiant en lui expliquant que ces comportements ne sont pas acceptables, voire adresser un blâme.

Le deuxième niveau, plus sévère, est géré par la commission disciplinaire de l’Université, qui réagit en cas de faute universitaire morale ou technique. Les sanctions peuvent mener jusqu’à l’exclusion d’un étudiant !

Le troisième niveau consiste à orienter l’étudiant visé pour qu’il porte plainte. Nous sommes là pour atténuer la peur et donner des conseils dans la marche à suivre. L’étudiant se sent harcelé, il ne sent pas bien, il ne mesure pas forcément la gravité de la situation. Le racisme et l’antisémitisme, c’est très grave et c’est puni par la loi.