Comment les Dirigeants Palestiniens Punissent les Patients

Comment les Dirigeants Palestiniens Punissent les Patients

par Bassam Tawil
15 mai 2019

Traduction du texte original: How Palestinian Leaders Punish Patients

 

 

  • « Par Allah, même s’il ne restait qu’un centime en caisse, cet argent irait aux familles des martyrs et des prisonniers ; et seulement après nous veillerions aux intérêts du reste de la population. » – Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, Palestinian Media Watch, le 24 juillet 2018.
  • Dans le « reste de la population », on trouve non seulement les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne, mais aussi les malades. Abbas a décidé de punir ces patients en les privant de traitement médical en Israël.
  • La décision de l’Autorité palestinienne d’empêcher les patients palestiniens d’aller se faire soigner en Israël ne s’applique pas aux hauts responsables palestiniens.

L’Autorité palestinienne (AP) a décidé que les Palestiniens n’iraient plus se faire soigner en Israël – une décision qui ne concerne pas les dignitaires du régime. La semaine dernière, Jibril Rajoub, haut responsable du Fatah, le parti au pouvoir, dirigée par Mahmoud Abbas, a été admis à l’hôpital Ichilov (photo), le plus grand centre de soins intensifs d’Israël. (Source de l’image : Avishai Teicher / PikiWiki)

L’Autorité palestinienne (AP) a décidé que les Palestiniens n’iront plus se faire soigner en Israël. En mars dernier, le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne à Ramallah, capitale de facto des Palestiniens de Cisjordanie, a annoncé qu’il n’honorerait plus les factures des hôpitaux israéliens qui prennent en charge les Palestiniens. L’AP a promis aux patients palestiniens que des alternatives seraient mises en place dans les hôpitaux privés et publics.

L’Autorité palestinienne a justifié sa décision par les retenues que le gouvernement israélien opère sur les recettes fiscales qu’il perçoit pour le compte des Palestiniens, et dont le montant correspond exactement aux « salaires » que l’Autorité palestinienne verse aux familles de prisonniers et de « martyrs ».

Une nouvelle loi israélienne autorise en effet le gouvernement à sanctionner au plan financier l’Autorité palestinienne à hauteur du « Payer pour Tuer » institué par les Palestiniens. Toutes les personnes qui attaquent des Israéliens au couteau ou à la voiture bélier savent qu’elles risquent leur vie, mais elles savent aussi que leurs familles seront rémunérées à vie par l’Autorité palestinienne.

En 2018, l’AP aurait déboursé pas moins de 502 millions de shekels [125 millions d’euros] en salaires et paiements pour les terroristes emprisonnés et les détenus libérés. Cette somme se décompose comme suit : 230 millions de shekels [58 millions d’euros] pour les prisonniers terroristes, et 176 millions de shekels [44 millions d’euros] pour les terroristes sortis de prison. Les 96 millions de shekels restants [24 millions d’euros] couvrent des primes et avantages divers accordés aux terroristes et à leurs familles.

Les retenues israéliennes n’ont pas gêné les terroristes et leurs familles qui ont continué de percevoir la totalité de leur rémunération. Les seuls à avoir fait les frais des ponctions israéliennes ont été les dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens qui, depuis trois mois, ne perçoivent plus que 50% à 60% de leur salaire.

Au nom du gouvernement palestinien, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est engagé à maintenir l’assistance aux terroristes et à leurs familles, dût-il y consacrer son dernier sou. « Nous n’accepterons pas la moindre réduction, et encore moins l’annulation des salaires des familles des martyrs et des prisonniers, comme certains essaient de nous y contraindre », a déclaré Abbas. Dans une autre déclaration, Abbas aurait ajouté : « Par Allah, même s’il ne restait qu’un centime en caisse, il irait aux familles des martyrs et des prisonniers ; le reste de la population ne viendrait qu’ensuite ».

Dans ce « reste de la population » on trouve les employés de l’Autorité palestinienne, mais aussi les patients en cours de traitement. Les soins que les Palestiniens sont autorisés à recevoir en Israël ne seront plus financés.

Osama al-Najjar, porte-parole du ministère de la Santé de l’AP, a déclaré qu’en raison des ponctions opérées par les Israéliens sur les recettes fiscales de l’AP, l’AP cesserait de régler aux hôpitaux israéliens le coût des traitements des patients palestiniens. Ces transferts financiers ont été évalués par Al-Najjar à environ 100 millions de dollars par an.

Le journaliste palestinien Fathi Sabbah a estimé que la décision du ministère de la Santé palestinien était « erronée, précipitée et inconsidérée ». Aucun traitement alternatif ne peut être aujourd’hui proposé indique Sebbah qui précise que « les traitements que les patients palestiniens vont chercher en Israël ne sont pas disponibles dans les hôpitaux palestiniens. Le non remboursement met donc leur vie en danger. Il s’agit là d’un choix lourd de conséquences ».

Sabbah a ajouté qu’envoyer ces patients dans les hôpitaux de Jordanie et d’Égypte augmenterait leurs souffrances. Un grand nombre de patients, a-t-il dit, sont en cours de traitement en Israël et forcément, en Jordanie et en Égypte, un nouveau traitement leur sera prescrit.

« Les hôpitaux jordaniens et égyptiens ne s’inscriront pas dans la continuité des traitements initiaux et les patients seront obligés de revenir au point de départ et de subir de nouveaux examens médicaux », a ajouté M. Sabbah .

« Cela implique des souffrances supplémentaires pour les patients et des dépenses supplémentaires pour le gouvernement palestinien. De plus, les patients auront à souffrir de longues heures de voyage en Égypte et en Jordanie. Il faut deux à trois jours pour aller de la bande de Gaza au Caire, et trois ou quatre jours pour revenir du Caire. Les patients atteints de cancer devront voyager une semaine entière pour une dose de chimiothérapie, alors que le même traitement en Israël ne nécessite que quelques heures ou une journée de voyage au pire. »

Toutefois, la décision de l’Autorité palestinienne ne s’applique pas aux hauts responsables palestiniens.

La semaine dernière, Jibril Rajoub, haut responsable du Fatah, la faction au pouvoir en Cisjordanie, a été admis à l’hôpital Ichilov, le plus grand centre de soins intensifs d’Israël. Rajoub, qui dirige la Fédération palestinienne de football et a été emprisonné 17 ans en Israël pour terrorisme, a été conduit en urgence à Ichilov malgré l’interdiction faite aux patients palestiniens d’aller se faire soigner en Israël.

Au moment même où les équipes médicales israéliennes d’Ichilov donnaient le meilleur d’elles-mêmes pour sauver Rajoub, ce même responsable palestinien a envoyé une lettre aux fédérations de football européennes et espagnoles pour exiger que l’Atletico Madrid annule un match amical d’après-saison avec une équipe israélienne de Jérusalem. « Nous ne sommes pas contre le fait de jouer en Israël, mais pas à Jérusalem occupée », a écrit Rajoub. Ce même Rajoub a omis de mentionner que le stade Teddy, où le match doit avoir lieu le 21 mai, se situe à Jérusalem-Ouest.

Peu avant son admission à l’hôpital Ichilov, Rajoub a aussi appelé les Arabes et les musulmans à « mettre fin à toute forme de normalisation sportive avec Israël ».

Rajoub n’est pas le premier – ni sans doute le dernier – haut responsable palestinien à se faire soigner dans les meilleurs hôpitaux israéliens. En 2017, le secrétaire général de l’OLP, Saeb Erekat, celui-là même qui a accusé Israël de « génocide », a été admis au Beilinson Medical Center d’Israël après avoir subi une greffe du poumon aux Etats – Unis.

Les questions médicales révèlent toute l’hypocrisie des dirigeants palestiniens. Ils ne manquent jamais une occasion de diffamer Israël, mais lorsqu’ils tombent malades, c’est en direction des hôpitaux israéliens qu’ils se ruent, sachant que les traitements de pointe qui y sont pratiqués sont absents de la plupart des établissements médicaux du Moyen-Orient. Ils savent que ce n’est pas en Égypte ou en Jordanie qu’ils recevront le meilleur traitement possible.

Il est extrêmement dérangeant que les dirigeants palestiniens jouent ainsi avec la vie et la santé de leur population. Une fois de plus, les dirigeants palestiniens règlent des comptes personnels en mettant en danger la vie de patients dont la seule faute est de ne pas faire partie du club ; le club des personnes dont les proches occupent des postes à responsabilité au sein de l’Autorité palestinienne, seule condition pour recevoir un traitement adéquat en Israël.

Bassam Tawil est un arabe musulman basé au Moyen-Orient.

 

 

Palestine : la carte géante de 1878 qui détaille chaque maison avec précision

 

 

admin a publié :”La Fondation pour l’exploration de la Palestine est une mission scientifique britannique qui à la fin du 19ème siècle a préparé une carte géante détaillée, avec une échelle de 1 sur 63 000, (chaque millimètre représentant 63 mètres). La carte prouve qu’av”

 

 

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Palestine : la carte géante de 1878 qui détaille chaque maison avec précision

par admin

La Fondation pour l’exploration de la Palestine est une mission scientifique britannique qui à la fin du 19ème siècle a préparé une carte géante détaillée, avec une échelle de 1 sur 63 000, (chaque millimètre représentant 63 mètres). La carte prouve qu’avant la première vague d’immigration juive le pays était désolé et très peu peuplé.

Cette fondation, créée en 1865 par l’élite britannique de l’époque, des Lords, universitaires, membres du clergé et gens très fortunés, s’était fixé pour objectif de mener des recherches dans les domaines de l’archéologie, de l’histoire, de la géographie et de l’ethnographie dans ce qu’on appelait alors la «Terre sainte » un peu à l’exemple de la mission scientifique de Napoléon Bonaparte pour l’Egypte.

L’expédition comptait plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles des experts cartographes et était dirigée par des personnalités : Sir Charles Warren, Claude R.Conder, Horatio H. Kitchener.

Le projet a été lancé en 1871 et achevé en 1878. La préparation de la carte a duré 7 ans, elle fut la carte la plus précise et détaillée de cette région.

En raison de sa taille, la carte a été imprimée en 26 sections distinctes, en quatre couleurs, par lithographie.

Ce que nous apprenons de la carte :

La particularité de la carte est que les géomètres britanniques marquaient avec une grande précision la délimitation de chaque maison et notaient en couleurs spéciales les parties peuplées du bâtiment.

Cette carte permet de déterminer la taille de chaque maison au cours de cette période, depuis le fleuve Litani au nord jusqu’à Beer Sheba au sud.

La carte représente sous forme de cartographie ce que Mark Twain a décrit sous une forme littéraire: un désert désolé et aride, presque vide.

En utilisant une règle, il est simple de déterminer la taille de chaque établissement.

En examinant les villages, nous constatons que leurs superficies sont minuscules.

Les plus grands d’entre eux mesurent 150 mètres par 100 mètres. Ils comprennent à peine deux rangées de maisons.

La légende des couleurs indique que Saint Jean d’Acre, par exemple, n’était alors que partiellement habité.

Des zones entières étaient vides de personnes, de même que la vallée de Jezreel et la vallée du Jourdain, ainsi que toutes les zones que les pionniers juifs ont ensuite fait revivre.

Haïfa est marquée sur la carte par un rectangle de trois par sept millimètres. Chaque millimètre représente 63 mètres dans la réalité.

Cela signifie que la région de Haïfa mesurait 190 mètres sur 440 mètres.

La colonie allemande se trouve en dehors du périmètre de Haïfa et chaque maison est dessinée avec une précision minutieuse.

Nazareth était alors plus grande que Haïfa.

Elle a la forme d’une gourde dont l’extrémité la plus longue est de 600 mètres et la plus petite de 300 mètres.

Même Tibériade est plus grande que Haïfa, 300 mètres par 600 mètres.

La grande Jaffa n’était qu’une petite ville de 240 mètres sur 540 mètres.

Shekh Munis, où se trouve maintenant l’Université de Tel Aviv, était un petit village de 90 mètres sur 180 mètres. De même, Usfiyeh, Yehud et de nombreux autres villages.

Jérusalem, à l’intérieur de ses murs, mesurait en réalité 1000 mètres sur 1000 mètres. Il n’y avait encore rien en dehors des murs et nous savons par d’autres sources que dans ses murs il y avait une majorité juive.

Arthur Koestler, l’auteur et penseur juif, a écrit dans «Promise and Fulfillment» (La promesse et l’accomplissement) que la question de savoir qui a raison dans la lutte pour la Terre d’Israël dépend de la question de savoir quel point de départ de l’histoire de cette terre.

Il serait important de commencer l’histoire précisément à partir de la première Aliyah et à examiner la question de savoir ce que les pionniers juifs ont trouvé ici lorsqu’ils ont commencé à arriver en 1882.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Terre d’Israël devint un centre de préoccupation internationale. Le 19ème siècle a été caractérisé par des découvertes archéologiques impressionnantes – le déchiffrement des hiéroglyphes sur la pierre de Rosette par le savant français Champollion; la découverte de l’ancienne arche de Jérusalem par l’érudit américain Robinson (qui a donné son nom à l’arche); la découverte des tombeaux des rois à Jérusalem par l’érudit français De Sulcy; la découverte du monument à Mesha, le roi moabite près de Nachal Arnon, et plus encore.

Tous ces éléments ont fait du Proche-Orient, et de la Terre d’Israël en particulier, un lieu de rencontre privilégié pour les archéologues, géographes, hommes d’État, prêtres et touristes de passage. Parmi les visiteurs, il y avait les hommes du Palestine Exploration Fund, une fondation britannique pour la recherche sur la Terre d’Israël, qui a créé la carte dont nous parlons.

L’auteur américain Mark Twain faisait partie des nombreux touristes venus au pays à cette époque. Twain était ici en 1867, quinze ans avant la première Aliyah. Il a décrit ses impressions dans un livre comme suit:

… Nous sommes arrivés en toute sécurité à la montagne du Tabor… tout au long de la route, nous n’avons pas vu une âme vivante… Il n’y avait presque pas d’arbre ou d’arbuste nulle part. Même les olives et les cactus, ces amis rapides du sol sans valeur, avaient presque déserté le pays… La Terre d’Israël est tristement assise dans un sac et des cendres. Sur elle plane le sort d’une malédiction qui a brûlé ses champs et emprisonné son essence dans des chaînes. La terre d’Israël est désolée et privée d’amour. La Terre d’Israël n’appartient plus à ce monde d’action. Elle se consacre à la poésie et à la tradition, une terre de rêves… Nazareth est abandonnée… Jéricho est maudit… Jérusalem… un village de misérables…

La Palestine vide

Route de Jérusalem 1875

Haïfa 1887

http://www.zeevgalili.com/

http://www.danilette.com/2018/10/palestine-la-carte-geante-de-1878-qui-detaille-chaque-maison-avec-precision.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les petits cailloux de la promenade Marceline Loridan-Ivens à Paris

 

admin a publié :”Discours d’inauguration de la promenade Marceline Loridan-Ivens à Paris, par le Rabbin Delphine Horvilleur 10 mai 2019 Chers amis, Depuis plusieurs mois, j’imagine très souvent qu’un même message apparaît sur mon téléphone. Un SMS qui dit :  « RDV ce “

 

 

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Les petits cailloux de la promenade Marceline Loridan-Ivens à Paris

par admin

Discours d’inauguration de la promenade Marceline Loridan-Ivens à Paris, par le Rabbin Delphine Horvilleur
10 mai 2019

Chers amis,

Depuis plusieurs mois, j’imagine très souvent qu’un même message apparaît sur mon téléphone. Un SMS qui dit :  « RDV ce soir à partir de 20h chez Marceline. Y’aura des gyozas, et du champagne, et des rires et des chants ».

Ce message, comme beaucoup de gens présents ici ce matin, je l’ai souvent reçu jusqu’à l’automne dernier. Et, depuis que Marceline est partie, comme beaucoup d’entre vous, je ne peux plus passer dans la rue des Saints-Pères, sans m’imaginer monter ses escaliers, et la trouver là, l’entendre me dire dans un éclat de rire: « Ah mais c’est mon rabbin »… et puis lever un verre en disant LeHaïm, à la vie ! et m’étonner encore et encore de ce sentiment  que personne mieux qu’elle ne sait incarner ce LeHaïm, ce choix de la vie qu’elle a fait résonner en tant de moments de son existence.

Et ce matin, à quelques centaines de mètres de là, à quelques centaines de jours de là, nous sommes réunis pour inscrire son nom sur ces murs, pour accrocher sa mémoire à ce morceau de Paris, à ce quai qui portera sa trace… exactement comme, dans la tradition juive, on inscrit un nom sur un monument du souvenir;  une mémoire dans une pierre qui rappelle combien la personne qui nous a quitté nous a édifiés et construits.

Les Juifs ont d’ailleurs une tradition bizarre : quand ils visitent un lieu de mémoire, ils ont l’étrange habitude d’y poser des petits cailloux, d’y placer de petites pierres à chaque passage. Un caillou qui raconte, de leur point de vue, mieux que des gerbes de fleur, le souvenir inaltérable, la mémoire qui ne fane pas mais qui dure et témoigne au-delà du simple temps d’une vie.

Et puis le caillou en hébreu se dit Even, et c’est un mot très étrange, qui s’écrit comme deux mots agrégés l’un à l’autre, comme une fusion de deux termes en un seul. Even est  la conjonction de Av et Ben, littéralement « le parent » Av et « l’enfant » Ben qui se tiennent la main dans le mot.

Quand on pose un caillou sur un monument du souvenir, on place littéralement un PARENT- ENFANT et l’on affirme ainsi que l’on est héritiers de la personne disparue, inscrits d’une manière très particulière dans son sillon.

Alors, je pense à ce que Marceline répétait si souvent : qu’elle ne voulait pas d’enfant, qu’elle refusait de laisser en héritage un monde brisé et cruel dont elle avait connu la plus sombre des nuits. Elle refusait de faire venir au monde une génération qui risquerait de brûler, comme avaient brûlé les enfants de Birkenau sous ses yeux.

Marceline disait : je n’aurai pas d’enfant.

Et ce matin, alors qu’à notre manière, sur ce quai parisien, nous posons un caillou sur le monument de sa vie, je voudrais dire à Marceline : « Et bien, tu t’es bien trompée ! Des enfants, tu en as fait plein…beaucoup plus qu’aucune femme ne pourrait jamais porter, beaucoup plus qu’aucun être ne pourrait imaginer engendrer… et, au bout de la rue des Saints-Pères, se recueillent un peu de ce monde auquel tu as donné naissance… des générations prêtes à poser les cailloux de ta mémoire infinie, à chaque fois qu’ils passeront sur ce quai de Seine ».

Au bord de ce fleuve, Marceline aimait se promener et interroger les passants qu’elle croisait, (et peut-être un peu draguer aussi). Ce lieu porte la trace de son rire, mais aussi – et je ne voudrais pas l’oublier – la trace de ses désespoirs et de ses angoisses.

Car si Marceline savait être drôle et légère, c’est aussi parce qu’elle connaissait les profondeurs d’une angoisse indicible. Et je pense qu’il faut aussi l’évoquer ici et ne pas éclipser la douleur, oser la raconter.

En réfléchissant aux mots que je voulais prononcer ce matin en son honneur, je suis tombée sur quelques lignes écrite dans un de ses livres, un extrait que j’aimerais maintenant vous lire.

« Un jour de 1947, écrit Marceline,  j’ai escaladé le parapet des quais pour me jeter à l’eau. J’ai été rattrapée par un inconnu en fin d’après-midi, entre chien et loup. Je voulais mourir. Je ne savais pas nager. Je n’ai jamais su nager »

En 1947, peut-être ici même, qui sait, au bord de ce quai, la Marceline qui voulait mourir fut sauvée encore, sauvée d’une douleur insurmontable et indicible qui fut celle de tant de survivants, de tous ceux qui comme elle se sont demandés : « À quoi bon ? » À quoi bon avoir survécu si le monde ne veut pas ou ne peut pas entendre ? si personne ne peut comprendre ? si tant d’entre nous ne sont pas revenus ?…

Je pense à cet inconnu qui en 1947 a pris Marceline dans ses bras pour la garder en vie. Je me dis que ce quai porte aussi un peu son nom.

Et je me demande comment nous pourrons, comment nous devrons être à l’avenir à son image, nous tenir sur ce quai et la rattraper, et lui promettre que nous saurons tendre encore la main pour honorer son choix de vie.

Et encore et encore raconter l’histoire des filles de Birkenau, et de l’une d’entre elles qui avait des cheveux rouges et un rire d’adolescente, qui adorait le cinéma, la vodka et l’amour, et qui ne savait pas nager…mais qui, pourtant, nous a appris à traverser les océans de la bêtise et de l’indifférence, sans nous noyer, à garder la tête haute et ne jamais laisser le désespoir nous submerger.

Voilà à quoi s’engagent les enfants de la rue des Saints-Pères, qui feront de ce quai, je l’espère,  à partir d’aujourd’hui un point de rendez-vous, un lieu où l’on dit LeHaïm en posant des cailloux, où l’on fait le choix de la vie, et le pari de se souvenir d’elle dans ce Paris qu’elle a tant aimé.

Que sa mémoire soit une bénédiction pour nous tous.

Source : tenoua.org