Par Guy Millière
Ceux qui nourrissent encore d’ultimes illusions sur la diplomatie française ou qui pensent que l’atmosphère du Quai d’Orsay n’est devenue écœurante que depuis le temps du général de Gaulle et de la « politique arabe » de la France, feraient bien de se pencher sur l’analyse longue et détaillée que conduit l’historien anglais David Pryce-Jones dans le numéro du mois de mai de la revue Commentary ; ce qu’ils y découvriraient est, hélas, accablant.
Depuis la révolution française, montre Pryce-Jones, documents à l’appui – et toute son analyse est très précisément circonstanciée -, le monde arabe est perçu comme d’un intérêt crucial pour la préservation de la « grandeur » de la France. Les propos tenus par Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Egypte ou ceux prononcés en 1830 lors de la conquête de l’Algérie sont, à cet égard, éloquents et trouvent leur prolongement dans le rêve, élaboré sous Napoléon III, de créer un « royaume franco-arabe » dirigé par une France « puissance musulmane ». Parallèlement, la défiance ne cesse de se manifester à l’égard des juifs, perçus comme susceptibles d’être des instruments au service de « conspirations étrangères ».