ADIEU MON MICHAEL

 

Gilles-William Goldnadel

1 h

ADIEU MON MICHAEL

J’ai beau ne pas être rancunier, il y a des limites à ne pas franchir. Qu’est-ce qui a pris à Michael Bar Zvi de prendre un congé illimité, à 68 ans, sans nous prévenir ? On connaissait tous son humour pince-sans-rire, mais à ce point c’est très exagéré, et ça ne fait même plus rire.
Je ne pense pas non plus que sa femme Anat et ses trois fils Nimrod, Maayan et Sagi aient goûté pleinement sa dernière plaisanterie.
Dans quelques temps, on commencera à mesurer précisément la profondeur de la perte d’une pensée aussi originale et polymorphe que celle de mon ami Bar Zvi. Né en France en 1950, docteur en philosophie en Sorbonne, il est monté en Israël en 1975 où il est devenu professeur de philosophie à l’institut Lewinsky de Tel-Aviv. Philosophe d’une extrême rigueur, il aura réussi à faire la synthèse entre ses deux maîtres Emmanuel Levinas et Pierre Boutang, autant dire, littéralement, entre la pensée juive moderne et la pensée française traditionnelle.
Philosophe terrestre, les mains dans la glèbe, il a été directeur de département de l’éducation de l’Agence Juive et délégué général du Keren Kayemet le Israël à Paris.
Son œuvre est foisonnante. Je veux écrire ici combien Olivier Véron, magnifique responsable des éditions Les Provinciales, qui mériterait le titre de nouveau Juste pour son amour d’Israël, aura accompagné l’œuvre de Michael. Je pense notamment à « Etre et exil, philosophie de la nation juive » (2006). À « Pour une politique de la transmission. Réflexion sur la question sioniste » (2016) ou encore et peut-être surtout à : « Israël la France, l’alliance égarée » en 2014. Dans ce livre, en disciple de Boutang, Bar Zvi explique de manière magistrale les liens métaphysiques, métapolitiques et historiques entre la France et Israël. Il rappelle lumineusement comment les rois de France sont oints par Rémi, comme les fils de David par Samuel. Et on comprend pourquoi Israël et la France ont quelque chose de sacré en commun, que les troubles et les secousses de l’histoire ne peuvent éradiquer. Et on comprend qu’elles ne peuvent subsister que grâce à une fidélité authentique à leurs origines spirituelles ou à ce que l’on pourrait nommer une tradition, non comme un savoir mais comme l’acte de transmettre. Et on comprend soudain pourquoi Michael, comme celui qui le pleure aujourd’hui, étaient affligés de voir combien la France se perdait elle-même sans comprendre, en niant à l’Unesco les liens entre la terre d’Israël et ceux du peuple Juif.
Et toujours dans la lignée de Boutang, il faudra relire la postface de Michael à « La guerre de six jours » de son maître qui écrivait : le 1er juin 1967 : « l’échec final de la chrétienté en Europe, et de sa mission sur les autres continents, rendant apparemment vaine la diaspora, la dispersion du peuple juif, permettant à de modernes empires de prétendre que la croix elle-même avait été vaine, restituait nécessairement aux juifs leur charge originelle, l’idée de cette charge, transformée par l’aventure de 20 siècles (…) je crois que Jérusalem ne peut être confié qu’ à la garde de l’État et du soldat juifs. » Dans un tout autre registre, et pour saisir l’originalité et le courage intellectuel de Michael Bar Zvi, je ne saurais trop recommander la lecture « D’éloge de la guerre après la Shoah » (édition Hermann 2010). Dans cet essai, dans ce siècle sanglant autant -ou parce que- pacifiste, le philosophe mais aussi ancien militaire se fondait sur l’expérience de la déportation vécue par son père et sur son histoire personnelle pour montrer que la guerre, dans certaines circonstances et sous certaines conditions doit être considérée comme l’un des seuls moyens de préserver la dignité de l’homme. J’avais griffonné, en dévorant ce petit chef d’œuvre , cette note où il citait Kertész : « je l’avoue en toute sincérité : la première fois que j’ai vu à la télévision les chars israéliens entrer dans Ramallah, une pensée instinctive que je n’ai pu repousser m’a traversé l’esprit :Mon Dieu, heureusement que je vois les étoiles de David, sur des chars israéliens, et non comme en 1944, sur ma poitrine ».
Difficile de mieux résumer la tragédie juive et le destin tumultueux du sionisme.
Michael les regardait en face sans ciller. Raison pourquoi je l’aimais.
Face à certains petits notables juifs, qui ne veulent toujours rien comprendre, Michael avait compris depuis longtemps que le fascisme avait changé de côté.
Il va cruellement manquer pour le leur expliquer.

 

 

France – Israël : l’accord secret

France – Israël : l’accord secret

ISRAËL – JEAN-JACQUES ALLEVI / GEO HISTOIRE – MARDI 5 JUIN 2018


Alors que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est en visite officielle dans l’Hexagone jusqu’au mercredi 6 juin, GEO Histoire revient sur l’accord secret entre Paris et Israël. Ou comment, sous la IVe République, la France a aidé clandestinement l’Etat juif à se doter de l’arme nucléaire face à un ennemi commun : l’Egyptien Nasser. Un sujet qui demeure tabou encore aujourd’hui.

C’est encore l’un des secrets les mieux gardés du XXe siècle. Et gare à quiconque tenterait de lever le voile ! Car la sulfureuse histoire de la bombe atomique israélienne relève du tabou le plus absolu. L’ex-technicien nucléaire israélien Mordehai Vanunu en sait quelque chose. Pour avoir révélé, en 1986, dans la presse britannique, l’existence du programme atomique de son pays et rendu publiques les premières photos du complexe militaroindustriel de Dimona (construit par des entreprises françaises dans le nord du désert du Néguev), l’homme a payé le prix fort. Enlevé par le Mossad puis jeté dans une prison, il y croupit pendant dix-huit longues années. Libéré en 2004, le technicien vit toujours sous haute surveillance. Quant à l’historien israélien Avner Cohen qui a publié, en 1998, une enquête fouillée sur ce rocambolesque dossier, il préfère vivre aux Etats-Unis… Malgré presque six décennies émaillées de mensonges et de démentis, Israël fait bel et bien partie du club très fermé des nations détenant l’arme atomique. Et c’est à la France de la IVe République que l’Etat hébreu le doit.

Nous sommes au début des années 1950. La France, qui depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale rêve d’une place de choix parmi les grandes puissances, se lance dans un ambitieux programme atomique. En 1952, Paris décide ainsi d’édifier à Marcoule (Gard) une usine nucléaire, puis en 1953 d’acquérir (auprès d’Israël) des brevets de fabrication de l’eau lourde – un composé indispensable au refroidissement du réacteur – et enfin, en 1954, de lancer la construction d’un sousmarin nucléaire. Au même moment, l’Etat hébreu, tout juste rescapé de la guerre de 1948, est convaincu que seule l’arme atomique pérennisera son existence face à l’Egypte du président Gamal Abdel Nasser. «Pour éviter un nouvel Auschwitz, Israël doit avoir les moyens d’infliger un nouvel Hiroshima», résume Avner Cohen (dans le documentaire de Dirk Pohlmann Israël et le tabou de la bombe, 2012). Face au refus des Etats-Unis de lui fournir la technologie du plutonium, David Ben Gourion mise tout sur la France. Dès 1953, son protégé Shimon Peres, directeur général du ministère de la Défense, est chargé de mener une campagne de lobbying afin de convaincre les dirigeants français d’aider son pays. Sa manoeuvre souterraine dans les antichambres du pouvoir civil et militaire français va conduire à la naissance d’un nouvel axe entre Paris et Jérusalem.

Du 17 au 19 juin 1956, au château de Vémars (Val-d’Oise) – propriété de Gustave Leven, PDG de Perrier et figure de l’Alliance israélite universelle – se tient une réunion ultrasecrète. Il y a, côté français, Abel Thomas, le directeur de cabinet du ministre de la Défense Maurice Bourgès-Maunoury, le général Maurice Challe, chef d’étatmajor des forces armées et Pierre Boursicot, le patron du SDECE (le contre-espionnage). Côté israélien, Moshe Dayan, le chef d’étatmajor, Yehoshafat Harkabi, le chef du renseignement militaire, et, bien sûr, Shimon Peres, sont présents… A l’abri des regards, les uns et les autres discutent des modalités d’une future coopération nucléaire. Nouvelle pierre à l’édifice : le 22 octobre 1956, dans une villa discrète de Sèvres (Hauts-de- Seine), le président du Conseil Guy Mollet et Maurice Bourgès-Maunoury donnent leur accord aux Israéliens pour la construction d’un complexe nucléaire à Dimona. Le protocole est si secret qu’il ne donne lieu à aucun compte rendu écrit, ni à fortiori à aucune à communication parlementaire…

En coopérant avec Israël, la France espère obtenir des informations sur le FLN en Algérie

Et pour cause : la situation est tendue. Quelques semaines avant la rencontre de Sèvres, le Front de libération nationale (FLN) algérien a perpétré sa première vague d’attentats à la bombe dans des cafés du centre-ville d’Alger. La guerre d’Algérie, qui a éclaté en novembre 1954, n’est évidemment pas étrangère à la décision des gouvernants français, exaspérés par le raïs Nasser qui entraîne les insurgés algériens et finance aussi une radio de propagande antifrançaise. Traumatisés par la cuisante défaite subie à Diên Biên Phu cette annéelà, les dirigeants français sont bien décidés à ne pas lâcher prise. Le général Corniglion-Molinier résume un sentiment largement partagé. «Tant qu’Israël tient en respect nos agresseurs éventuels, l’Afrique du Nord ne peut devenir une seconde Indochine» (cité par Pierre Péan dans Les Deux Bombes, éd. Fayard, 1982). Paris ne ménage donc pas son soutien à Tel-Aviv et vend, à partir de 1954, des chars AMX, des chasseurs Ouragan et Mystère IV ou encore des lanceroquettes. En échange de quoi, Israël mobilise ses services secrets qui fournissent de précieux renseignements à l’armée française, au premier rang desquels le décryptage des messages codés échangés entre l’étatmajor égyptien et les chefs du FLN installés à Rome. «Le véritable ciment du rapprochement entre la France et Israël, c’est la guerre d’Algérie», insiste ainsi Georgette Elgey dans son Histoire de la IVe République, 1954-1959 (éd. Fayard, 1997).

En novembre et décembre 1956, le fiasco de l’opération menée en Egypte par les armées anglaise, française et israélienne, en réponse à la nationalisation du canal de Suez par Nasser, plonge la IVe République dans un isolement international. La France, qui vient d’être menacée du feu nucléaire par l’URSS, a été également lâchée par son allié américain. Cette situation humiliante conforte les socialistes au pouvoir dans leur soutien à Israël pour qu’il se dote d’un arsenal atomique. Le raïs égyptien, qui a déjà obtenu de l’URSS et de la Chine la livraison d’armes lourdes, est alors dépeint comme un «Hitler en puissance» prêt à fondre sur Israël et y commettre un nouvel holocauste. Comme bien d’autres socialistes de son temps, Guy Mollet porte en lui la mauvaise conscience de son parti, accusé d’avoir abandonné l’Espagne en 1936, d’avoir ratifié les accords de Munich en 1938 et voté les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940. Autant d’obsessions qui conduisent le président du Conseil à proclamer : «C’est le devoir de la France d’assurer la sécurité du petit Etat hébreu.»

Les travaux des futures installations de Dimona démarrent fin 1957. Deux étages purement factices et six niveaux enterrés sont prévus : il faut donc creuser à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Pour plus de discrétion, le terrassement est confié à Solel Boneh Limited, une entreprise proche de Shimon Peres et du parti travailliste auquel il appartient. Les autorités affirment que c’est une importante usine textile qui est en construction. Pourtant, les montagnes de gravats sont évacuées à l’aide de camions militaires… bâchés. Pour mener à bien ce chantier titanesque, des ouvriers sont recrutés dans la diaspora, au Maroc et en Algérie. Mais aussi en Europe de l’Est. Seule condition : que les intéressés ne soient pas communistes. Pendant ce temps, des lotissements sont édifiés à 70 kilomètres de là pour accueillir les centaines d’ingénieurs et de travailleurs français attendus. Ces derniers débarquent en 1958. Afin de préserver le secret, tous sont triés sur le volet. En pleine guerre froide, les «mouscoutaires» sont écartés mais pas les anciens collaborateurs compromis avec le régime de Vichy. Il arrive pourtant que l’attitude de ces derniers fasse désordre. «L’un d’eux est expulsé car il affiche clairement son antisémitisme», relève Mohamed Abdel Azim dans Israël et la bombe atomique (éd. L’Harmattan, 2006). Toujours est-il que le plan destiné à masquer la présence française a été pensé dans les moindres détails. Ainsi, le courrier à destination ou en provenance des ouvriers travaillant sur place transite par une boîte postale située en Amérique latine. 

Alstom, Thomson, Saint-Gobain sont mobilisés sur le projet de la centrale du Néguev

Quant au chantier proprement dit, il est piloté par le CEA (commissariat à l’énergie atomique) qui en confie la réalisation à la Société alsacienne de construction mécanique (SACM). Pour l’occasion, la SACM devient la Société d’étude de financement et d’entreprise (SEFE). Cette ronflante raison sociale et l’adresse parisienne qui figure sur les documents sont fictives, uniquement destinées à dissimuler – notamment au monde arabe qui pourrait appeler à des campagnes de boycott – la participation des fleurons de l’industrie française. Il s’agit coûte que coûte de camoufler les contributions des firmes Alstom, Thomson, des Chantiers de l’Atlantique ou de la Société des forges du Creusot. La réalisation du réacteur incombe, elle, à la Société industrielle d’études et de constructions chimiques(SIECC), une dénomination toute aussi imaginaire derrière laquelle se dissimule l’entreprise Saint-Gobain Nouvelles Technologies. Le voile de clandestinité est tel que la Direction de la surveillance du territoire (DST) n’est pas dans la confidence. Une agence parallèle de sécurité et de renseignements qui n’a de compte à rendre qu’au directeur du CEA est mise en place. Elle travaille main dans la main avec le Mossad. Les centaines de pièces façonnées dans l’Hexagone pour équiper la centrale israélienne sont toutes affublées de vrais faux documents douaniers. C’est évidemment le cas de la très imposante cuve du réacteur, expédiée de Saint-Nazaire durant un week-end afin d’éveiller le moins de soupçons possible. Aux syndicats de dockers qui s’interrogent, on répond que cette «usine de désalinisation » est en partance vers l’Amérique latine… De même, des fûts d’eau lourde sont transportés, un samedi au petit matin, par des agents du CEA et du Mossad jusqu’à la zone militaire de l’aéroport du Bourget. 

Les Israéliens ne demeurent pas moins vigilants. A Dimona, une unité spéciale de protection est créée pour veiller au secret. Les agents de cet Office of Special Task quadrillent en permanence la zone et éloignent les moindres curieux. Malgré ce luxe de précautions, des détails trahissent la présence des Français. Certains ingénieurs circulent à bord de voitures immatriculées dans l’Hexagone sur des routes où les panneaux indicateurs sont en hébreu… et en français. De même, les affiches placardées par les commerçants des environs sont bilingues. A l’orée des fêtes de Noël, l’une d’elles annonce que le café-restaurant Toni propose un réveillon «de 23 h 00 à l’aube avec l’orchestre Trio Jack». Avec un menu pas vraiment casher : «Charcuterie, dinde au vin blanc…» Ces éléments n’échappent évidemment pas aux agents de la CIA dépêchés sur place afin de confirmer ce que les photos prises par leurs avions espions U-2 ont révélé dès 1958 : la construction sur place d’un complexe nucléaire étrangement similaire à celui de Marcoule…

En 1960, le général de Gaulle veut prendre ses distances avec l’Etat hébreu 

Cette même année 1958, le retour aux affaires du général de Gaulle et le changement de régime qui suit ne modifient guère la donne. Le nouveau ministre des Armées n’est autre que le très influent Pierre Guillaumat, administrateur général du tout-puissant CEA depuis 1951. Pas étonnant alors que de Gaulle ne découvre la réalité de la coopération francoisraélienne que plusieurs mois après son installation à l’Elysée. «Quand le Général est arrivé, tout le monde s’est ingénié à lui masquer l’existence du problème», affirme sous couvert d’anonymat un ex-ministre gaulliste interrogé par Pierre Péan pour son livre. Début 1959, de Gaulle exige que cesse la participation française. Les «nucléocrates» qui hantent les allées du pouvoir ont suffisamment de réseaux pour que l’injonction présidentielle n’arrive pas trop vite jusqu’à Dimona. Le ministre de l’Energie atomique est alors Jacques Soustelle. Cet homme, fondateur de l’alliance France- Israël, est suspecté d’avoir personnellement «fait écran entre la volonté du général de Gaulle et les industriels chargés de construire le réacteur». Ce que l’intéressé a toujours nié : «J’ai tout lieu de penser que de Gaulle n’était alors pas opposé à la coopération nucléaire franco-israélienne» (cité par Pierre Péan). Quoi qu’il en soit, lorsque la France procède, le 13 février 1960, dans le désert du Sahara, à sa première expérimentation nucléaire, les Israéliens sont encore là. Et pour cause : ce sont les informaticiens de l’Etat hébreu qui sont chargés de recueillir et traiter les données de l’opération «Gerboise bleue».

Pendant ce temps, à Dimona, les travaux vont toujours bon train et les constructions commencent à être visibles au loin. La version officielle de l’usine textile ne peut plus tenir. Qu’importe ! Israël a une solution de rechange, en prétendant édifier une installation chimique. Un pieux mensonge qui ne passe pas l’hiver 1960. A la mi-décembre de cette année-là, le Daily Express, publié à Londres, révèle au monde ce que bien des services secrets savent déjà : Paris aide Tel-Aviv à se nucléariser. Dans la foulée, la presse américaine y va aussi de ses révélations. Le scandale est tel que Ben Gourion est sommé de se justifier devant la Knesset. Le «vieux lion» jure que la finalité de ce réacteur de 24 mégawatts est… pacifique. Des fadaises que la république gaullienne est contrainte d’accréditer. Toujours empêtrée dans la guerre d’Algérie, la France n’a pas besoin d’un nouveau scandale international. Les mots du mensonge sont repris, le 23 décembre 1960, par le journal Le Monde qui écrit : «Le réacteur du Néguev ne pourra nullement contribuer à la fabrication de bombe mais uniquement permettre des recherches expérimentales.» Le général de Gaulle ordonne néanmoins au CEA et aux entreprises françaises d’interrompre sans attendre les travaux de la partie «sensible» du site de Dimona. Les Israéliens recrutent alors d’autres intervenants –mais toujours des Français – qui acceptent, à prix d’or, de passer outre les consignes de l’Elysée. En 1962, la SIECC est finalement autorisée à reprendre ses activités sur les parties non militaires des installations. Quelque 700 Français travaillent alors à pied d’oeuvre pour terminer le chantier.

Fin 1964, Dimona entre en service et peut livrer de 5 à 7 kilos de plutonium par an. Deux ans après, la première bombe A est prête. Quelques mois plus tard, Israël teste avec succès les missiles Jéricho, conçus pour transporter les têtes nucléaires. Ils proviennent de France et ont été fournis clandestinement par le groupe Dassault. En novembre 1967, dans une conférence de presse restée célèbre, de Gaulle parle des Juifs comme «un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Aucun journaliste présent n’osera demander au fondateur de la Ve République si ce jugement avait un quelconque lien avec la coopération atomique franco-israélienne… Aujourd’hui encore, Israël dément toujours officiellement posséder l’arme atomique.


ay.

  • Guerre froide et espionnage : le panthéon des agents secrets

Retour sur intox : Les gaz lacrymogènes tueurs, un thème récurrent de la propagande palestinienne

Retour sur intox : Les gaz lacrymogènes tueurs, un thème récurrent de la propagande palestinienne

L’affaire du « bébé gazé » du 15 mai dernier n’est que la énième falsification sur un air déjà connu. Jusqu’à quand la presse française se laissera-t-elle complaisamment abuser ?

 

Pour une fois, les faussaires palestiniens, pris la main dans le sac, ont dû faire marche arrière. Grâce à la vigilance d’InfoEquitable, l’Agence France-Presse (AFP), qui avait au départ annoncé sans réserve la mort de Leïla al-Ghandour, un bébé palestinien de huit mois prétendument « asphyxiée par des gaz lacrymogènes israéliens », avait déjà dû produire une nouvelle dépêche faisant état des sérieux doutes rapidement apparus sur la cause du décès.

Et au bout de dix jours, les autorités de Gaza ont finalement retiré le nom de la fillette de la liste des victimes des récents affrontements.

L’AFP en a fait une autre dépêche :

 

 

A notre connaissance, seuls deux titres de la presse française ont repris cette information : Le Parisien et Europe 1 (quelques jours plus tôt, une vingtaine de grands journaux français avait pourtant diffusé sans aucune précaution l’information relatant la bébé mort asphyxié par les gaz israéliens. Aucun d’entre eux n’a jugé utile de revenir sur cette affaire…).

 

 

Le sous-titre de l’article d’Europe 1 résume la question soulevée :

 

Selon la famille, l’enfant est mort suite aux tirs de gaz lacrymogènes israéliens. L’armée de l’État hébreu parle d’une « fabrication » de la part du Hamas.

 

Le mythe des civils « gazés » par l’armée israélienne semble être l’un des thèmes récurrents de la propagande palestinienne.

Il y a bien toute une industrie de « fabrication » de fake-news par le Hamas et l’Autorité palestinienne.

De nombreux cas en attestent.

Le 15 mai 2018, le jour même où avait été annoncée la mort du nourrisson Leïla al-Ghandour à Gaza, la très officielle agence palestinienne Wafa avait déniché une histoire similaire près de Hébron, en Cisjordanie.

 

 

La victime était cette fois un homme de 58 ans qui, malgré une « excellente santé » était « tombé en martyr à la suite de l’inhalation de gaz lacrymogène lancé par les soldats israéliens ».

Manifestement, ce jour-là, la dépêche de Wafa a fait long feu et n’a pas été reprise par l’AFP.

La mort du bébé gazaouite proposée par le Hamas a sans doute été jugée plus « vendeuse » que le cas du « martyr » quinquagénaire de Hébron.

 

De nombreux cas de civils palestiniens « gazés »,  fort peu crédibles

En feuilletant la presse et en fouillant dans les archives, on découvre que les services de propagande palestiniens resservent régulièrement aux médias occidentaux – et depuis des années – ces histoire de civils tués par les lacrymogènes de Tsahal.

En octobre 2015, l’agence palestinienne Ma’an avait ainsi annoncé la mort du petit Mohammad Thawabta, un bébé de 8 mois, mort asphyxié lors d’affrontements entre émeutiers palestiniens et forces israéliennes.

 

 

Sans aucune vérification, l’AFP y avait consacré une dépêche, reprise par quatre journaux régionaux français (Le Dauphiné Libéré, L’Alsace, Le ProgrèsLe Républicain Lorrain).

 

 

 

 

Pour mieux étayer l’information, L’AFP avait diffusée une photo que les quatre journaux français avaient également servie à leurs internautes.

 

 

 

La mort du ministre palestinien Ziad Abou Eïn. Une crise cardiaque… encore attribuée aux gaz israéliens

Le 10 décembre 2014, le ministre palestinien Ziad Abou Eïn était mort terrassé par une crise cardiaque alors qu’il participait à une manifestation anti-israélienne.

Le Monde, comme de nombreux journaux et agences de presse, avait naturellement rapporté l’information.

 

 

Quelques instants auparavant, Ziad Abou Eïn avait pris part à une bousculade avec des soldats de Tsahal.

 

 

Immédiatement, certains journaux – et non des moindres – n’avaient pas craint d’avancer la thèse suivante : la mort du ministre palestinien aurait été due aux gaz lacrymogènes tirés par les soldats israéliens pour disperser certains manifestants.

L’Obs avait ainsi défendu cette version de l’incident.

 

 

Le journal belge 7 sur 7 n’avait pas été en reste…

 

 

… et avait relayé sans cilier la dépêche AFP rapportant les accusations palestiniennes selon lesquellesZiad Abou Eïn serait mort des coups et de « l’usage intensif des gaz lacrymogènes ».

 

Des accusations démenties par l’autopsie

Quelques heures plus tard, l’AFP avait diffusé une nouvelle dépêche indiquant cette fois la version israélienne.

Selon le ministère israélien de la Santé, qui se fondait sur les rapports d’autopsie, la mort du ministre palestinien avait en réalité « été causée par l’obturation de l’artère coronaire ». Ziad Abou Eïn était déjà malade du coeur : « les vaisseaux de son coeur étaient bloqués à plus de 80 % par de la plaque d’athérome; d’anciennes cicatrices indiquent qu’il avait déjà souffert par le passé d’infarctus du myocarde », souligne le communiqué du ministère israélien de la santé.

A notre connaissance, ni L’Obs, ni les autres journaux ayant défendu la thèse des Palestiniens n’ont diffusé la dépêche AFP faisant étant du démenti israélien. 

 

Radio France Internationale accuse Tsahal de gazer les Palestiniens pour pratiquer sur eux des « expériences »

Cette thématique mensongère des gaz israéliens tueurs a donné lieu à d’autres dérapages majeurs.

Ainsi ce reportage – passé relativement inaperçu – diffusé sur l’antenne de Radio France Internationale (RFI) le 7 janvier 2018 :

 

 

Le reportage, toujours disponible sur le site de RFI, ne recule devant aucune outrance et s’inspire manifestement de la veine complotiste. Nous vous en recommandons l’écoute pour vous en convaincre.

A en croire la journaliste Marine Vlahovic, qui a déjà attiré plusieurs fois l’attention d’InfoEquitable par sa démarche militante, ce serait pour tromper leur « ennui » que les soldats israéliens inonderaient quotidiennement le camp palestinien de gaz « aux effets dévastateurs sur la santé mentale et physique des habitants ».

Son reportage accuse l’armée israélienne de procéder en réalité à de mystérieuses expériences sur les habitants du camp réduits au rang de « rats de laboratoires ».

Interviewé par la journaliste, un responsable palestinien explique ainsi dans un français incertain :

 

C’est contre une population civile, non armée, composée majoritairement d’enfants qui sont exposés à cet usage abusif des gaz lacrymogènes pour des raisons qu’on ne sait pas la plupart du temps. Parfois il y a des confrontations, mais beaucoup de fois, les soldats semblent s’ennuyer. Ils ont besoin d’action, dans un sens. Nous sommes des rats de labo qu’ils expérimentent sur nous.

 

La journaliste surenchérit et explore la piste d’un gaz secret:

« Des rats de laboratoire! Car depuis quelques mois, selon les habitants, les gaz lacrymogènes sont de plus en plus puissants. Mais impossible d’en connaître la composition ».

 

Décryptage – Une nazification des israéliens qui exploite la culpabilité de la Shoah

On l’a compris, cette thématique des gaz lacrymogènes tueurs de civils palestiniens renvoie à celle de la Shoah et à l’accusation maintes fois proférées à l’égard des Israéliens de se conduire « comme des nazis ».

C’est l’air bien connu popularisé par Robert Faurisson: « vous prétendez avoir été exterminés dans les chambres à gaz, mais c’est vous qui gazez les Palestiniens ».

Ce genre de délire négationniste est en général l’apanage des groupes antisémites et des sites complotistes.

Depuis plusieurs années, la désinformation palestinienne a néanmoins exploité ce filon, vendant « clé en main » aux médias occidentaux des histoires d’enfants, de vieillards ou de civils gazés par la soldatesque israélienne.

Manifestement, une partie des médias mord systématiquement à l’hameçon et diffuse cette propagande mensongère sans la moindre précaution et sans procéder aux vérifications les plus élémentaires.

A cet égard, InfoEquitable a procédé à un examen comparatif très basique : nous avons examiné l’ensemble des dépêches de l’AFP faisant état de l’usage de gaz lacrymogène à travers le monde depuis le début de l’année 2018.

En France, de nombreuses manifestations violentes ont eu lieu (à Paris le 1er mai, à Calais, à Notre-Dame-des-Landes, dans les universités…) qui ont justifié l’emploi des ces gaz.

A l’étranger, nous avons pointé de très nombreux pays où ces gaz lacrymogènes ont été utilisés lors de manifestations ou de heurts, y compris dans des pays réputés violents et peu respectueux des droits du citoyen (Vénézuela, Nicaragua, Cachemire, Afrique du Sud, Sénégal, Madagascar, Niger, Côte d’Ivoire, Bénin, Maldives, Honduras, Tunisie, Soudan, Iran…).

Au total, plusieurs dizaines de manifestations, d’émeutes et de troubles… aux quatre coins de la planète.

Aucun mort ni blessé grave par inhalation de gaz lacrymogènes n’a jamais été signalé par les autorités sanitaires locales ou par les organisations de défense des droits de l’homme.

Par quel troublant phénomène, les civils palestiniens seraient-ils les seuls victimes d’asphyxie ? Pour quelles raisons les gaz lacrymogènes utilisés par toutes les polices du monde deviendraient-ils mortels une fois dispersés dans l’atmosphère de Gaza et des collines de Cisjordanie ?

En réponse à ces questions, InfoEquitable suggère d’autres hypothèses, également d’ordre médical : la cécité chronique, la naïveté maladive et les obsessions anti-israéliennes pathologiques d’une partie de la presse française pourraient s’avérer être à l’origine de ce mystérieux syndrome.

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