Ultra-taxer le diesel : non-sens politique, économique et écologique

 

Actualité  Les invités du Point  Laurent Chevallier

Ultra-taxer le diesel : non-sens politique, économique et écologique

Le docteur Laurent Chevallier s’inquiète des effets secondaires, pervers et pas pris en compte par le gouvernement de la hausse des taxes sur le diesel.

Par Laurent Chevallier

 

 

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  Mais par qui sont conseillés le Premier ministre et le président de la République ? L’obstination à vouloir ultra-taxer le diesel, présenté comme de la fermeté pour « une bonne cause », vire à l’entêtement inquiétant qui risque de faire le lit politique du populisme par l’exacerbation engendrée. Il est en effet assez curieux de punir ceux qui roulent au diesel aujourd’hui parce qu’ils ont suivi les consignes de l’État, des gouvernants comme il y a peu Montebourg, de Macron lui-même, et ce, depuis des décennies.

 

 

En plus, les enjeux d’une hausse inconsidérée et surtout soudaine des nouvelles taxes et à venir(janvier 2019) sur le diesel ont-ils réellement été bien appréhendés ? Mise en difficulté des agriculteurs – de plus en plus indignés et mal défendus – avec à la clé une hausse des prix alimentaires ou des importations massives de denrées produites à moindre coût ailleurs (mais avec une empreinte carbone majorée), mise en difficulté de société d’ambulances nécessitant le transport de patients malades ou handicapés…

Ne s’agit-il pas tout simplement d’une véritable taxe sur le travail et vis-à-vis de ceux qui travaillent, et ce, malgré des aides à certains, et uniquement à certains – qui vont coûter « un pognon de dingue » –, pour compenser et continuer de facto à faire utiliser du diesel ? Mais où est la logique ? La hausse fiscale vis-à-vis du diesel est brutale, associée à la hausse du prix du baril, trop soudaine, alors que, pourtant, dès les années 1990 les sociétés savantes de pneumologie donnaient l’alerte sur la pollution atmosphérique engendrée par la combustion des hydrocarbures et ses conséquences sur la santé. Depuis presque 30 ans, il aurait été possible d’agir progressivement, ne serait-ce que par des filtres appropriés pour que les pots d’échappement n’émettent pratiquement plus de microparticules si les gouvernants, l’État, avaient suffisamment suivi les données de la science, notamment médicale.

Lire sur ce sujet : « Les mythologies automobiles d’Emmanuel Macron »

Ces produits inutiles qui induisent une forte empreinte carbone

De façon extraordinaire est mise en avant actuellement la solution des moteurs électriques, encore un mirage ultra-dispendieux, avec des batteries actuelles qui posent de multiples problèmes écologiques en termes de production avec les métaux rares et de recyclage des batteries. En plus, en raison de la nature même du moteur électrique, le freinage y est beaucoup moins sollicité que sur les véhicules à hydrocarbures, provoquant ainsi beaucoup moins d’émission de particules dans l’air par l’usure des garnitures. Nul doute que seront punis à moyen terme, sous une forme ou une autre, ceux qui auront suivi ces nouvelles recommandations !

Et puis, pour réduire la consommation d’hydrocarbures ne serait-il pas plus judicieux de commencer par taxer des produits inutiles induisant une forte empreinte carbone : par exemple, dans le domaine alimentaire, dissuader la consommation des ananas, des avocats, des baies de goji… et promouvoir celle de pommes françaises, bio bien sûr, des châtaignes corses et des Cévennes, des myrtilles du Massif central, des Vosges….

Que penser également du fait que nous importons des eaux pétillantes embouteillées d’Italie (San Pellegrino) et que, parallèlement, nous exportons vers l’Italie nos eaux pétillantes (Perrier, etc.) ? Le Premier ministre a-t-il calculé l’empreinte carbone que cela induisait en termes de transport ? L’objectif n’est-il pas de réduire l’utilisation des hydrocarbures fossiles ? Pourquoi n’agit-il pas en conseillant, par exemple, que chacun garde ses eaux ? Nous pourrions multiplier les exemples ; une meilleure organisation des différentes filières et le fait de favoriser la production de produits hexagonaux en diminuant les taxes sur le diesel auraient du sens.

A quand l’hydrogène accessible ?

Au lieu de cela, on observe des postures bravaches des gouvernants répétant ad libitum qu’ils assument. Tristement, ils n’assumeront rien du tout et dépenseront vos impôts en aides pas nécessairement toujours bien ciblées. Au mieux, ils feront leur autocritique… à long terme. Mais quelle semble être la solution la plus pertinente sur le plan énergétique ? Très probablement, l’utilisation de l’hydrogène dont la caractéristique est de ne pas polluer puisque les rejets sont uniquement à base de vapeur d’eau. L’entreprise Alstom ne s’y est pas trompée avec son train à hydrogène, des marques automobiles avancent également sur ce sujet, comme le coréen Hyundai.

Lire sur ce sujet: “Hyundai Nexo : l’hydrogène en démonstration”

Ne faudrait-il pas que l’État investisse massivement pour trouver la solution afin de produire de l’hydrogène non pas, comme actuellement, à partir d’hydrocarbures, mais à partir tout simplement d’eau (H2O, deux hydrogènes liés à une molécule d’oxygène) ? Évidemment, cela va à l’encontre des intérêts de la grande finance et des industries internationales ainsi que de leurs affidés politiques : impossible de faire de substantiels bénéfices à partir de l’eau, ce bien commun. Pourtant, le salut pour la santé de tous et de la planète pourra, pour partie, venir de ce type de nouvelles sources d’énergie. Ne laissons surtout pas nos gouvernants faire une triple faute : politique, économique et écologique.

Le docteur Laurent Chevallier, nutritionniste, médecine environnementale, rencontre à Futurapolis à Toulouse le 17 novembreau Muséum à 14 heures et le 16 novembre avec Mathieu Vidard sur France Inter, émission La Tête au carré.