Collusion russe : des révélations exclusives de la Ména à faire tomber des têtes (010409/18) [Analyse] Par Amram Castellion © Metula News Agency

Collusion russe : des révélations exclusives de la Ména à faire tomber des têtes (010409/18) [Analyse]

Par Amram Castellion © Metula News Agency

 

Au cours des deux dernières semaines, dans le silence complet de la presse française, les efforts du procureur spécial Robert Mueller pour faire tomber le Président Trump ont connu deux revers retentissants.

 

Comme souvent dans le jeu du chat et de la souris que Mueller et Trump jouent l’un avec l’autre depuis quinze mois, le premier de ces revers a d’abord été présenté comme un triomphe pour Mueller et le signe de la fin imminente de la présidence Trump, avant de s’effondrer de manière spectaculaire.

 

Le 21 août, Michael Cohen, ancien avocat et exécuteur des basses œuvres de Donald Trump, que Mueller avait déféré au parquet de New-York Sud pour d’anciens délits fiscaux et bancaires sans rapport avec la campagne présidentielle, passait un accord avec le parquet. En échange d’une réduction de peine, Cohen reconnaissait avoir enfreint les règles de financement des campagnes politiques lorsqu’il avait, peu avant l’élection, payé une ancienne maîtresse du candidat pour l’empêcher de révéler leur liaison passée. Il ajoutait qu’il avait effectué ce paiement “à la demande” du candidat.

Simultanément, des fuites apparaissaient dans la presse qui annonçaient que Cohen était sur le point de déclarer que Trump avait eu connaissance d’une réunion tenue le 9 juin 2016 à son siège de campagne entre son fils, Donald Trump Jr, et la lobbyiste russe Natalia Velnitskaya, accompagnée d’un Russe installé aux Etats-Unis, Rinat Akhmetshin. Velnitskaya avait demandé cette réunion en promettant qu’elle apporterait des informations compromettantes contre Hillary Clinton. Mais elle n’avait rien livré de tel et la réunion n’avait eu aucune suite.

 

Pour les Démocrates, le grand soir était arrivé. Trump était complice d’une infraction aux règles du financement politique ! Il avait eu connaissance d’une tentative d’obtenir des informations compromettantes de la part de la Russie ! Clairement, le président était un délinquant, la collusion russe que l’on cherchait à établir depuis deux ans était enfin documentée. Sa fin était proche. Alléluia au plus haut des cieux.

 

Quarante-huit heures plus tard, il ne restait plus rien de cette euphorie. Différents juristes pénalistes avaient fait remarquer que les limitations aux contributions de campagne ne s’appliquent pas aux candidats eux-mêmes, qui peuvent contribuer autant qu’ils veulent. Donc, soit on considère que c’est Cohen qui a payé la dame pour favoriser la campagne, auquel cas il est seul coupable ; soit on considère que Trump, qui avait remboursé Cohen de ses frais, est le vrai payeur – auquel cas il n’y a aucun délit.

 

Simultanément, l’avocat de Cohen – Lanny Davis, un proche de la famille Clinton – allait expliquer en direct sur CNN que c’est lui qui avait fait fuiter l’histoire d’une implication de Trump dans la rencontre russe, mais que cette histoire était, tout compte fait, totalement fausse.

 

On ne sait pas exactement ce que Cohen avait dit à son avocat pour le convaincre de rétracter ainsi une fuite qu’il lui avait probablement soufflée lui-même avant que son accord avec les procureurs ne soit officialisé. Mais cela devait être assez convaincant pour que Davis accepte de s’humilier ainsi publiquement, plutôt que de prendre le risque de désobéir aux instructions de son client. Une fois de plus, Trump et Cohen avaient pris l’avantage dans la partie d’échecs qui les oppose à ceux qui veulent faire tomber le président.

 

Cet épisode est d’autant plus significatif que Cohen, régulièrement mêlé aux aspects les moins publics des affaires de Donald Trump, représentait pour Mueller le meilleur espoir de parvenir à impliquer le président. Si Trump sait jouer assez finement pour empêcher Mueller de l’atteindre à travers son porte-revolver le plus caricatural, on voit mal comment il pourrait avoir fait des erreurs plus grossières sur d’autres fronts.

 

L’espoir de faire tomber Trump sur un scandale semble donc disparaître progressivement. Dans le même temps, la démonstration de l’existence d’un scandale Démocrate majeur, lié à la mise sous écoute illégale de la campagne Trump en octobre 2016, progresse discrètement mais avec certitude.

 

Donald Trump et Robert Mueller : qui est le chat et qui est la souris ?

 

Pour mémoire, le FBI, sous le contrôle du Département de la Justice, avait obtenu en octobre 2016 d’une juridiction spécialisée, dite FISA (Foreign Intelligence Surveillance Court) [le Tribunal de Surveillance du Renseignement Etranger], de placer sur écoutes un membre important de la campagne présidentielle de Trump, Carter Page, accusé d’être un agent russe. Les termes de la saisine de la cour FISA sont encore classifiés : le Président Trump a le pouvoir de rendre ce document public mais n’a pas encore choisi de le faire. On sait seulement que la saisine s’appuyait sur un rapport préparé par la société Fusion GPS, dit “Rapport Steele” du nom de son principal rédacteur, l’ancien espion britannique Christopher Steele, qui s’appuyait lui-même sur des sources russes.

 

Ce rapport, que l’on peut intégralement consulter en ligne (à l’adresse suivante : fait état de diverses turpitudes attribuées à Trump et d’une influence russe sur le président. Proposé à de nombreux journalistes à l’automne 2016, il n’avait été publié par aucun d’entre eux, car ses accusations ne sont étayées par aucune forme de preuve. Il n’avait finalement été publié que quelques jours avant la prise de fonctions du nouveau président, par le site BuzzFeed.

 

Deux ans plus tard, rien n’a été retenu contre Page, qui n’a même pas été interrogé par Robert Mueller dans sa recherche effrénée d’une collusion russe. Il a en revanche été démontré que le Rapport Steele avait été commandé et financé par le parti Démocrate et la campagne Clinton – ce qui, ajouté à l’absence totale de preuves dans le rapport, est de nature à en réduire sérieusement la crédibilité. De plus, l’accès aux e-mails et aux conversations téléphoniques dans les dernières semaines de la campagne, permis par les écoutes FISA, a donné au Département de la Justice d’Obama, jusqu’au transfert du pouvoir le 20 janvier 2017, un large accès aux discussions internes de la campagne, puis de l’équipe de transition de Donald Trump.

 

Devenu président, Trump s’est rapidement interrogé sur les conditions de cette mise sur écoutes et a demandé au Département de la Justice de procéder à une enquête. Le responsable de cette enquête est l’inspecteur général du Département, Michael Horowitz, sous l’autorité de l’Attorney General (ministre de la Justice), Jeff Sessions.

 

Or, plusieurs nouveaux éléments sont apparus la semaine dernière, qui indiquent que les conclusions à venir d’Horowitz pourraient être très préjudiciables aux Démocrates.

 

Mardi 28 août, deux comités réunis du Congrès auditionnaient Bruce Ohr, qui, à l’époque de la rédaction du rapport, était un très haut responsable du Département de la Justice (numéro 4 dans l’ordre protocolaire) en même temps qu’un contact régulier de Christopher Steele. Ce haut fonctionnaire a donc été régulièrement tenu au courant de la préparation d’un rapport destiné à détruire le candidat de l’opposition à l’élection présidentielle.

 

Ohr était d’ailleurs d’autant mieux informé que son épouse Nellie Ohr, une spécialiste de la Russie, travaillait précisément… pour la société GPS Fusion, commanditaire et auteur officiel du dossier.  Cela créait une situation évidente de conflit d’intérêt : s’il avait utilisé ses compétences juridiques pour faire remarquer les faiblesses méthodologiques du rapport (qui ont conduit toute la presse, même Démocrate, à refuser de le publier pendant des mois), il aurait directement nui à l’employeur de sa moitié. Il en aurait été de même s’il avait signalé, au moment de la saisine de la Cour FISA, que le financement du rapport par le parti Démocrate en réduisait la crédibilité.

 

Mais il y a mieux encore. Bruce Ohr a reconnu lors de son audition qu’il évoquait régulièrement ses contacts avec Steele et la préparation du dossier GPS Fusion avec ses contacts professionnels. Or, parmi ces contacts figurait le procureur Andrew Weissman… qui travaille désormais dans l’équipe du procureur spécial Robert Mueller.

 

En d’autres termes, l’équipe de Mueller, qui cherche à tout prix à démontrer une collusion entre le Président Trump et la Russie, comprend un homme qui, dès l’été 2016, était impliqué dans la préparation d’un rapport payé par le parti Démocrate pour porter contre Trump des accusations sans preuve de collusion avec la Russie. Le complice d’un coup politique est désormais chargé, dans sa capacité officielle, de trouver des éléments pour corroborer ce coup. Le conflit d’intérêts qu’entraîne cette situation pourrait être suffisant pour mettre en pièces toute la crédibilité du travail de Mueller.

 

Ce n’est pas tout. Les informations données par Ohr lors de son audition comprennent un autre point essentiel.

 

Ohr a en effet confirmé que Steele lui avait révélé que sa principale source russe sur les allégations de collusion aux dépens du candidat Trump ne vivait pas en Russie, mais était “un ancien agent de renseignement russe vivant aux Etats-Unis”.

 

Cette révélation est absolument cruciale. Elle démontre de manière définitive que le FBI de 2016 n’était pas à la recherche de la vérité, mais de n’importe quelle accusation contre Trump.

 

Si la source de Steele avait été basée en Russie, il aurait été quasiment impossible pour le FBI de vérifier ses dires. Mais puisqu’elle vivait aux Etats-Unis, il était très simple de l’interroger. Or cette interrogation n’a jamais eu lieu. Le rapport Steele a été utilisé tel quel, sans plus d’analyses, pour demander la mise sous écoutes de Carter Page. Nous ne sommes plus là dans le domaine de l’incompétence. Nous parlons d’un détournement pur et simple de pouvoirs de police afin de persécuter le candidat de l’opposition à une élection présidentielle.

 

Le FBI d’Obama n’avait pas le temps de vérifier les dires de la source du Rapport Steele, mais il avait le temps de se concerter avec de hauts personnages du régime russe – en clair, de se rendre coupable de collusion – pour tenter d’obtenir des informations compromettantes contre Trump.  Samedi dernier, le très Démocrate New York Times a reconnu  que le FBI avait essayé de convaincre Oleg Deripaska, un milliardaire russe, de témoigner contre Trump. En septembre 2016, deux mois avant l’élection, le FBI avait proposé à Deripaska d’accuser Paul Manafort, brièvement directeur de campagne de Trump, d’avoir été le lien entre le Kremlin et la campagne présidentielle du candidat. Deripaska avait déclaré que ces théories étaient ridicules et refusé de coopérer.

 

Pourquoi Deripaska ? Parce que Christopher Steele le connaissait bien. Toujours selon le même article du New York Times, entre 2014 et 2016 (donc sans lien avec la campagne Trump), Steele était intervenu plusieurs fois auprès d’Ohr, qui travaillait au Département de la Justice, pour que Deripaska, privé de visa en 2007 du fait de ses liens avec la mafia, puisse retrouver le droit de visiter les Etats-Unis. En clair, Deripaska utilisait Steele comme lobbyiste auprès du gouvernement américain. Mais il n’a jamais déclaré cette activité de lobbyiste en application du FARA (Foreign Agents Registration Act), une loi de 1938. Or cette non-déclaration est un délit – précisément le délit pour lequel Mueller a fait tomber Manafort, l’ancien directeur de campagne de Trump. Nul doute que Mueller inculpera bientôt Steele, dont le rapport fut l’élément déclencheur de l’ensemble de son travail…

 

Michael Horowitz : rira bien qui rira le dernier

 

Lorsque l’on rassemble tous ces faits, il en résulte une image proprement effarante du degré de corruption qui avait atteint le Département de la Justice à la fin de l’ère Obama. De très hauts fonctionnaires du Département et du FBI ont conspiré, en toute connaissance de cause, pour mettre en avant des accusations contre Trump sans le moindre début de preuve, directement financées par la campagne présidentielle d’Hillary Clinton et par le parti Démocrate. Aucun de ces très hauts fonctionnaires n’a fait remarquer la faiblesse de ces accusations, ni même demandé à entendre leur principale source, qui pouvait aisément être contactée. Tous ont contribué à utiliser ce rapport sans valeur pour mettre sous écoute la campagne présidentielle d’un opposant politique, puis l’équipe de transition d’un président élu. Nous parlons là d’une conspiration criminelle d’Etat, digne de la dernière des républiques bananières.

 

L’inspecteur général du Département de la Justice, Michael Horowitz, est en ce moment même en train d’enquêter sur cette situation. Comme il est plus discret que Robert Mueller, on parle moins de lui dans la presse. Personne ne sait précisément quel sera le contenu de son rapport, ni quand il le publiera. Mais le fait de mettre sur la place publique, dans un rapport officiel, tous les éléments ci-dessus, aura inévitablement un effet désastreux sur l’image de l’ancien président et, vraisemblablement, sur celle de l’équipe qui lui a succédé à la tête du parti Démocrate. Il est trop tôt pour parler avec certitude de conséquences pénales pour les Démocrates impliqués ; mais on ne peut certainement pas l’exclure.

 

D’autre part, le président Trump a accès à toutes les pièces du dossier. Il a lu, en particulier, la demande de mise sous écoutes présentée par le FBI à la Cour FISA. Pour que le juge ait donné droit à cette demande, il est au moins certain qu’elle dissimulait délibérément des éléments essentiels : le financement partisan du Rapport Steele, la présence sur le sol américain d’une source qui n’avait fait l’objet d’aucun interrogatoire officiel. Le jour où Trump décidera de rendre cette pièce publique, le scandale qui résultera de ces omissions et de ces mensonges éclaboussera inévitablement le parti Démocrate. Pour cette raison, la Ména est portée à croire que le jour de cette révélation interviendra probablement avant les élections du 6 novembre prochain.

 

L’enquête sur la possibilité d’une collusion russe, évoquée depuis plus de deux ans par le parti Démocrate, se poursuit. Il est de plus en plus probable que ceux qui paieront le prix politique, et peut-être judiciaire, le plus élevé, ne seront pas le président Trump et son parti, mais les Démocrates eux-mêmes. Ils se croyaient très habiles en portant ces accusations, mais sont en train de découvrir qu’ils font face à bien plus habile et plus machiavélien qu’eux.