Israël : retour sur 70 ans d’histoire

Israël : retour sur 70 ans d’histoire

 
 
Il y a 70 ans, Israël proclamait son indépendance
Il y a 70 ans, David Ben Gourion, le président du Conseil national juif, proclamait l’indépendance de l’État d’Israël et le début du récit national israélien.

 

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VIDÉO – Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, le président du Conseil national juif, proclamait l’indépendance de l’État d’Israël.Le Figarorevient sur les événements fondateurs de cet État, à l’occasion de son 70e anniversaire.

Si l’histoire a commencé bien avant, c’est à partir de cette date que s’écrit le récit national israélien. Le 14 mai 1948, trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’extermination de plus de six millions de juifs par les nazis, Israël est créé sur une partie de la Palestine. Le mandat britannique vient de prendre fin et les troupes quittent la Terre sainte quand David Ben Gourion, alors président du Conseil national juif, proclame la naissance de l’État hébreu.

David Ben Gourion au musée de Tel-Aviv.

 

«Nous sommes solennellement réunis, nous, les membres de l’assemblée du peuple, représentants des juifs de Palestine et du mouvement sioniste, en ce jour de la cessation du mandat britannique. En vertu de nos droits naturels et historiques et de la résolution des Nations unies, nous proclamons la création d’un État juif sur la terre d’Israël», dit David Ben Gourion dans son discours au musée de Tel-Aviv. Ce dernier fait ici référence à la résolution 181, adoptée à la majorité par l’ONU le 29 novembre 1947, qui partage la Palestine en un État juif et un État arabe.

«Tu vois, aujourd’hui ils dansent, mais demain ils verseront leur sang, il y aura une guerre»

David Ben Gourion, le 14 mai 1948

C’est cette résolution qui place Jérusalem et les Lieux saints sous «régime international». Ce 14 mai 1948, David Ben Gourion termine son allocution en prononçant ces mots: «l’État d’Israël est né». Il en devient alors le premier ministre. Dans les rues de Jérusalem, où son discours est retransmis, des scènes de liesse éclatent. David Ben Gourion se confie alors à Shimon Peres, un jeune homme de 24 ans, qui deviendra plus tard un homme clé dans la vie politique israélienne. «Tu vois, aujourd’hui ils dansent, mais demain ils verseront leur sang, il y aura une guerre».

● 15 mai 1948, la première guerre Israélo-arabe

Une du Figaro du 15 mai 1948

 

Au lendemain de la proclamation de l’État d’Israël éclate la première guerre israélo-arabe. Les pays voisins, qui refusent de reconnaître le nouvel État hébreu, décident d’intervenir. Les armées de la Transjordanie, de l’Égypte et de la Syrie, aidées par des contingents irakiens et libanais, entrent en Palestine le 15 mai 1948. L’offensive arabe ne rencontre cependant pas le succès escompté contre les défenses israéliennes. Au bout d’un mois, les deux camps ont essuyé de lourdes pertes et acceptent une trêve voulue par l’ONU. Les Israéliens décident alors de créer Tsahal pour assurer leur défense.

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De retour au combat en mars 1949, l’armée israélienne, mieux équipée et organisée, prend le dessus sur les armées des États arabes. La victoire d’Israël en juillet 1949 marque le début de l’exode de quelque 700.000 Palestiniens. Israël engage alors une profonde modification des frontières tracées par l’ONU lors du plan de partage de 1947. L’État hébreu annexe 77% de l’ancienne Palestine mandataire, soit 50% de plus que ce qui était prévu par l’ONU. Le 14 décembre 1949, Jérusalem-Ouest est déclarée officiellement capitale d’Israël. La Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, reste sous tutelle jordanienne et Gaza passe sous tutelle égyptienne le 24 avril 1950. Les frontières issues des accords de cessez-le-feu seront par la suite connues sous le nom de «Ligne Verte».

● 7 juillet 1950, la «Loi du retour»

Depuis des millénaires, les Juifs ont été marqués par l’espérance du retour dans la Ville sainte. Cette espérance spirituelle se concrétise en juillet 1950 par la Loi du retour. Votée par la Knesset, le parlement, cette loi garantit à tout Juif le droit d’émigrer vers la Terre promise et d’en devenir citoyen.

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● Octobre – novembre 1956, la guerre de Suez

Décombres à Port Saïd après les affrontements en novembre 1956.

 

Après la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte de Nasser le 26 juillet, une crise éclate à l’automne 1956. La France et la Grande-Bretagne s’allient secrètement en signant les accords de Sèvres. L’objectif de ces nations piquées à vif: renverser Nasser et récupérer le canal. En octobre, les soldats israéliens envahissent la bande de Gaza et le Sinaï, bientôt couverts par l’aviation française et anglaise.

Mais au moment où Tsahal s’empare du Sinaï et se rapproche du canal, l’URSS intervient fermement en demandant le repli d’Israël et en menaçant les alliés d’une riposte nucléaire. Pour désamorcer la crise, les États-Unis demandent eux aussi le retrait des armées. Des casques bleus seront placés le long de la frontière israélo-égyptienne.

● 5 juin 1967, la guerre des «Six Jours»

Une du Figaro du mardi 6 juin 1967.

Le 5 juin 1967, Israël déclenche la guerre dite des «Six-jours», s’emparant de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Gaza, du plateau syrien du Golan et du Sinaï égyptien. En vingt-quatre heures, les forces israéliennes détruisent la moitié de l’aviation de la coalition arabe. La déroute est complète pour les États arabes, qui s’inclinent en six jours. Le 22 novembre, en réponse à cette guerre éclair, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 242, qui prévoit l’évacuation des territoires occupés, en échange de la reconnaissance de tous les États du Proche-Orient.

● 5 septembre 1972, le massacre de Munich

Lors des Jeux Olympiques organisés dans la ville allemande, un commando palestinien tue onze Israéliens après une prise d’otages. Cet événement fait suite à la guerre des Six Jours et à la résolution de l’ONU. L’organisation palestinienne «Septembre noir», qui tire son nom des affrontements de septembre 1970 entre Jordaniens et OLP (Organisation de libération de la Palestine), est à l’origine de la tuerie de Munich.

● 6 octobre 1973, la guerre du Kippour

Des soldats israéliens près du canal de Suez en octobre 73.

 

Le 6 octobre 1973, jour du jeûne de Yom Kippour, la fête du Grand Pardon, l’Égypte et la Syrie attaquent Israël dans le Sinaï et sur le Golan. Lors des deux premiers jours de l’offensive, les armées arabes progressent, profitant de l’effet de surprise. Mais la tendance s’inverse rapidement et l’armée israélienne parvient à reconquérir le Golan et le Sinaï. Ce revirement est notamment dû au soutien des États-Unis, qui organisent un point aérien pour acheminer des armes vers Israël.

Le 22 octobre, l’ONU appelle à un cessez-le-feu, appliqué le soir même. Pour la première fois, l’État hébreu doit sa victoire à une intervention étrangère. Golda Meir, qui dirige Israël au moment de la guerre du Kippour, est contrainte de démissionner. Yitzhak Rabin lui succède en juin 1974.

● 19 au 21 novembre 1977, la visite historique de Sadate

Le successeur de Nasser, Anouar el-Sadate, se rend à Jérusalem pour une visite historique. Devant la Knesset, le président égyptien propose une paix juste et durable dans toute la région.

«Paix à tous sur la terre arabe, en Israël et partout dans ce vaste monde»

Anouar el-Sadate devant la Knesset

«Ein brera, on n’a pas le choix, dit-on en hébreu, il faut toujours espérer. Paix à tous sur la terre arabe, en Israël et partout dans ce vaste monde, un monde tourmenté par ses conflits sanglants, foisonnant de contradictions aiguës, menacé périodiquement par des guerres dévastatrices menées par l’homme pour détruire l’homme, son compagnon», dit Sadate lors de son allocution.

En septembre 1978, Anouar el-Sadate et le premier ministre israélien, Menahem Begin, concluent les accords de Camp David, qui préfigurent la signature, le 26 mars 1979, du premier traité de paix israélo-arabe. La Jordanie signera un accord de paix avec Israël en 1994. Les Israéliens acceptent de restituer le Sinaï à l’Égypte, qui est exclue de la ligue arabe.

● 6 juin 1982, l’invasion du Liban

Ariel Sharon en 1990.

 

Le 6 juin 1982, les troupes israéliennes, menées par Ariel Sharon, envahissent le Liban et assiègent Beyrouth. L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat doit quitter le pays. En septembre, des massacres sont perpétrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth par des miliciens chrétiens libanais pro-israéliens.

Une commission d’enquête israélienne estime que le ministre de la Défense Ariel Sharon a porté une responsabilité personnelle dans cet événement. Les troupes israéliennes occuperont le sud du Liban jusqu’en 2000. Après l’enlèvement de soldats israéliens par le Hezbollah en 2006, Israël lance une offensive dévastatrice au Liban.

● 8 décembre 1987, la première Intifada

Poignée de main entre Rabin et Arafat.

En décembre 1987, les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza déclenchent la «guerre des pierres», la première Intifada, qui signifie «soulèvement», contre l’occupation israélienne.

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Elle va durer jusqu’en 1993 et fera 1300 victimes du côté palestinien et 150 du côté israélien. Le 13 septembre 1993, Israël et l’OLP signent à Washington les accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne, scellés par une poignée de main historique entre Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin, assassiné en 1995.

● 23 octobre 1998, les accords de Wye Plantation

Yasser Arafat et Benyamin Nétanyahou signent les accords de Wye Plantation aux États-Unis. Ce texte vise à sortir le processus de paix de l’impasse. Israël transférera en trois étapes 13% supplémentaires du territoire de la Cisjordanie encore sous son contrôle à l’administration palestinienne. Ces accords ne seront cependant jamais appliqués. Très critiqué en Israël, l’accord est abandonné après le déclenchement de la seconde Intifada.

● 28 septembre 2000, la deuxième Intifada

Article paru dans Le Figaro le 30 septembre 2000.

 

Un nouveau sommet est organisé par Bill Clinton à Camp David du 11 au 25 juillet 2000. Ce dernier invite Ehud Barak et Yasser Arafat pour relancer le processus de paix. L’impasse reste totale après ce sommet, appelé Camp David II. Après cet échec des négociations israélo-palestiniennes, le chef du Likoud (opposition de droite), Ariel Sharon, se rend sur l’esplanade des Mosquées en septembre 2000. Cette visite sur le troisième lieu saint de l’Islam provoque de violents affrontements à Jérusalem. La seconde Intifada est déclenchée.

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L’armée israélienne réoccupe les principales villes de Cisjordanie, puis lance en mars 2002 la plus vaste offensive dans cette zone depuis 1967. Israël élève un mur de séparation avec la Cisjordanie pour empêcher les attaques palestiniennes. En septembre 2005, Israël se retire unilatéralement de Gaza à laquelle il impose un blocus après la prise de contrôle de l’enclave palestinienne par le mouvement islamiste Hamas.

● 12 juillet 2006, le conflit Israélo-libanais

L’armée israélienne lance une offensive au sud du Liban après l’enlèvement par le Hezbollah de deux soldats et de la mort de huit autres. Israël bombarde Beyrouth et le Liban-Sud. Le Hezbollah riposte par des tirs de roquette sur le nord d’Israël. L’arrêt effectif des combats se produit le 14 août, après un vote unanime au Conseil de sécurité de l’ONU.

● 2008 et 2014, les guerres de Gaza

Le 8 juillet 2014, Israël lance l’opération «Bordure protectrice» contre la bande de Gaza pour faire cesser les tirs de roquette et détruire les tunnels creusés depuis l’enclave palestinienne. Cette guerre, la plus longue et la plus dévastatrice des trois opérations dans l’enclave depuis 2008, fait 2251 morts côté palestinien, en très grande majorité des civils, et 74 morts côté israélien, quasiment tous des soldats.

● 18 mars 2015, la victoire de «Bibi»

Benyamin Nétanyahou en 2018.

Benyamin Nétanyahou, à la tête du gouvernement depuis 2009, déjoue les pronostics en remportant les élections législatives. Son parti de droite obtient 30 sièges sur 120 à la Knesset. Il décide alors de former une coalition avec les partis nationalistes Foyer juif et Israël Beiteinou.

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C’est le gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays. En juin 2017, Israël entame la construction d’une nouvelle colonie en Cisjordanie, une première en 25 ans.

● 6 décembre 2017, le transfert de l’ambassade américaine

Le 6 décembre 2017, le président américain Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël, déclenchant la colère des Palestiniens et la réprobation de la communauté internationale. Le leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, se prononce pour le lancement d’une nouvelle «intifada».

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Alors que le risque d’une escalade est craint par de nombreux États à travers le monde, ils sont nombreux à mettre en garde Washington contre le transfert de son ambassade. Pourtant, en janvier 2018, Washington annonce que son ambassade sera transférée de Tel-Aviv à Jérusalem en mai, afin de coïncider avec le 70e anniversaire de la création d’Israël.