Les tribunes contre… “la” tribune sur le nouvel antisémitisme (celle publiée dans Le Parisien le 22 avril) se multiplient depuis une semaine.
Elles expriment d’abord, toutes, un empressement à vouloir disqualifier le propos de la tribune du Parisien : à cause de ses signataires venus de tous les horizons (les contre-tribunes sont toutes très marquées politiquement dans tel ou tel recoin de la gauche notamment) ; à cause de telle ou telle de ses formules ; à cause de son propos clair, net et engagé ; à cause de ses propositions notamment au regard de l’interprétation de certains textes sacrés.
Elles expriment ensuite, comme trop souvent, le besoin de leurs signataires de se rassurer, sur leur conformisme en fait, à coup d’antisémitisme globalisant, uniquement fait pour ne pas dire qui, où et comment il fonctionne désormais comme machine à tuer des juifs dans la France des années 2010. Ce besoin de se rassurer passant, bien évidemment, par la mise en équivalence non seulement de toutes les formes d’antisémitisme mais encore de l’antisémitisme avec… le racisme anti-musulmans. Ce qui permet de faire passer les signataires de la tribune initiale pour des “islamophobes”, faisant comme le disait Edwy Plenel “la guerre aux musulmans”. Refrain connu. Méthode habituelle. Lassitude à l’avenant.
Elles expriment enfin, on le sent bien à la “signature de rattrapage” de certains, une frustration de jouer deux ou trois divisions en dessous en terme d’impact auprès de nos concitoyens (la tribune du Parisien a été signée par plus de 35000 personnes en ligne – ci-dessous). Arriver ainsi après la bataille pour faire tourner les mêmes moulins à prière aveugles au réel qu’il y a dix, vingt ou trente ans, voilà qui est en effet frustrant.
À tous ces laborieux signataires des contre-tribunes, on pourrait dire simplement : allez, encore un effort pour comprendre l’enjeu de l’antisémitisme, ici et maintenant, celui qui tue des juifs parce que juifs, celui qui les tue au nom d’une autre religion.