En dépit de l’intervention du président Tajani, le dirigeant du BDS a pris la parole au Parlement européen

Yossi Lempkowicz in EUROPE DE L’OUEST

BRUXELLES – Malgré un avertissement du président du Parlement européen Antonio Tajani selon lequel l’accueil d’Omar Barghouti au parlement met en péril la réputation de l’assemblée, le leader du mouvement anti-israélien BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) a pris la parole lors d’une conférence à Bruxelles organisée par la parlementaire portugaise Ana Gomes.

Dans une lettre, Tajani avait exhorté Gomes d’empêcher la conférence sponsorisée par l’Union générale des communautés palestiniennes en Europe, de devenir une plate-forme d’incitation à l’antisémitisme. Il a averti que Barghouti incite à la haine et à la violence et non à une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien.

Quatre groupes parlementaires du Parlement européen avaient également écrit des lettres s’opposant à l’invitation faite à Barghouti.

Même le groupe politique de Gomes, l’Alliance des Socialistes et Démocrates (S & D), avait pris ses distances par rapport à l’événement en affirmant qu’il n’était pas organisé par le groupe et ne représentait pas sa position ”en ce qui concerne le BDS”. Les observateurs ont cependant noté qu’une bannière S & D était placée derrière les orateurs lors de la conférence.

Au cours de la conférence, intitulée “Les colonies israéliennes en Palestine et l’UE”, Gomes a déclaré que “la véritable menace à l’existence d’Israël vient de son occupation illégale et de ses colonies illégales”.

L’eurodéputée portugaise a félicité la chef de la politique étrangère de l’UE, Federica Mogherini, pour ses positions audacieuses et justes et ses efforts pour trouver une solution à la question palestinienne.

 

Dans son intervention, Omar Barghouti a critiqué ce qu’il a appelé les politiques contradictoires de l’UE envers Israël. “L’UE reste en grande partie complice de l’occupation et de la violation des droits palestiniens par Israël”, a-t-il déclaré, soulignant que “la seule pression efficace de la société civile européenne peut mettre fin à la complicité de l’UE”.

Plusieurs groupes juifs et pro-israéliens ont exprimé leur indignation face à l’invitation faite à Barghouti de s’exprimer au Parlement européen, disant qu’en lui offrant un podium “la maison sape directement sa propre position politique sur l’antisémitisme.”

Ils ont mentionné combien les activistes du BDS “s’engagent constamment dans des pratiques qui sont considérées comme antisémites selon la définition de l’antisémitisme établie par l’Alliance Internationale du souvenir de l’Holocauste (IHRA).

Le bureau européen de l’American Jewish Committee (AJC) a souligné que BDS appelle à un boycott total économique, culturel et académique et à des sanctions contre Israël et rejette une solution à deux Etats.

”Barghouti et le mouvement BDS appellent ouvertement à la fin d’Israël en tant que patrie pour le peuple juif”, a-t-il expliqué.

Le groupe s’est référé à la définition de travail de l’IHRA – approuvée par le Parlement européen en juin 2017 et plusieurs Etats membres de l’UE. “Nier au peuple juif son droit à l’autodétermination” est une forme d’antisémitisme.
“C’est une agression grave contre la dignité du Parlement européen, les communautés juives en Europe et dans le monde et le processus de paix israélo-palestinien’’, a déclaré Daniel Schwammenthal, directeur du AJC Transatlantic Institute.